Sarah Lecarpentier, poétesse en Résidence Longue Territoire sur la CCFI

De décembre 2023 à juin 2024, Sarah Lecarpentier sillonnera le territoire de la Communauté de Communes de Flandre Intérieure à la rencontre de ses habitant.e.s et de la poésie qu’ils portent en eux. 

Par des ateliers d’écriture, de lecture ou de slam, les participant.e.s pourront découvrir chaque aspect de la poésie et en faire l’expérience, jusqu’à la restitution finale des 21 & 28 juin à L’Épopée à Steenvoorde.

Quand je pense à cette résidence, à cette époque que nous traversons, à ce territoire si particulier, me vient la formule « montée des eaux ». Dans une région frappée durement par la pandémie, les replis sociaux, les gilets jaunes puis les transitions industrielles et économiques encore souvent à venir, je sens une montée des eaux, des larmes, des regrets.

Quand je pense évidemment à la crise climatique qui nous menace tous.tes, je pense à la montée des eaux de la mer du Nord, se déversant sans justice ni remords sur la cuvette des terres de Flandres, sous le niveau de la mer.

Quand je pense enfin au carnaval, aux géants, aux histoires pour enfants, pour les grands, au chanteur Raoul de Godewarsvelde, à Jeanne Maillote, je pense à la « montée des Hauts ». Se hisser vers le ciel, se faire plus grand que les géants, danser avec les nuages quand le ciel est bas, danser sous la pluie quand le ciel est gris, danser devant les hommes et les femmes sur terre pour crier qu’on aime être ensemble, ici-bas.

L’appel est clair : faire poésie partout, pour tous. Pouvoir écrire, partager mon écriture à travers mes créations poétiques, la « Poésie Actuelle Musicale » comme j’aime la nommer.
Enfin rencontrer, écrire ensemble, partager des idées, des souvenirs, des rêves, des désirs comme autant de terreaux de rassemblement, pour faire monter nos eaux, ensemble.

Faire avec les écoles primaires, secondaires, avec les médiathèques, les centres de loisirs, culturels, sociaux. Faire avec les réseaux sociaux, les écrans, les samedis aux hypermarchés, dans les bals populaires, dans les rassemblements associatifs, faire de la poésie partout, pour tous.tes.

Cette résidence sera l’occasion pour moi de plonger dans l’écriture, de voyager en poésie, sans billet d’avion, sans carte d’identité, mais remplie de tous les mots, de tous les maux, de toutes les eaux des habitant.tes, qu’ils auront bien voulu murmurer à mon oreille ou crier avec moi sur la place publique.

Alors je me lancerai dans un nouveau cycle poétique, qui pourra être un cadeau à celles et ceux qui m’en auront tant fait. Donner de la place à chacun.e, donner quelques mots et beaucoup de temps et de sourires pour laisser éclore nos imaginaires, ensemble et dans la durée. Se retrouver, avoir rendez-vous, s’y mettre, s’y remettre, autant de projets qui depuis deux ans ont été comme amenuisés, écrasés par le temps empêché, le temps qui presse, le temps qui dit non. Remettre du oui au cœur de nos sujets, de nos réponses, et comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, faire que le rêve dévore nos vies, afin que nos vies ne dévorent pas notre rêve.